J'entends régulièrement au cours de mes séances de coaching: "je voudrais contrôler, retenir mes émotions, pour qu'elles ne m' envahissent plus, ainsi être plus à l'aise pour parler en public, ne plus perdre mes moyens face à une remarque désagréable ou déstabilisante, ne plus avoir peur du regard des autres, des professeurs, de ma hiérarchie, ne plus être triste, ne plus me mettre en colère pour rien... je me contrôlerais parfaitement et tout irait mieux".

 

A ce moment là, j'aurais envie de dire - avec un brin de provocation bien entendu,..."il y a une solution, vous allez voir un médecin spécialisé dans les "troubles émotionnels", qui pourra vous prescrire des médicaments qui permettent de ne plus ressentir d' émotion du tout, donc plus de sensation désagréable - ni agréable non plus.......et de vivre - si je puis me permettre - comme un légume...

 

Mais je préfère rappeler combien il est important de ne pas "contrôler" "dissimuler" "occulter" ses émotions, mais au contraire, de s'y connecter, les identifier, les accepter, les exprimer, afin d'en faire nos alliées, une force pour avancer vers notre bonheur. C'est en les comprenant et les reconnaissant que l'on peut les utiliser afin d'avoir les comportements adaptés aux situations qui se présentent à nous chaque jour, apprendre et grandir.

• Qu' est ce qu' une émotion?

Il s'agit d'une réaction physique et psychologique en réponse à l' évaluation d'un stimulus externe ( une bonne surprise, un baiser, un fou rire, une critique, une agression, un bruit fort non identifié, une mauvaise odeur, un décès...) ou interne ( une douleur physique, une pensée agréable ou pas, un sentiment) face à notre intérêt central.

 

Une émotion n' est donc pas un sentiment, qui lui, est une représentation mentale que nous créons, qui implique les fonctions cognitives de l'organisme. 

 

A titre d'illustration de mon propos, le film Vice-versa des studios Disney - une vision poétique mais assez fidèle du monde des émotions - souligne à quel point celles-ci sont liées à notre vécu, nos interactions avec notre entourage, notre expérience. Le registre de nos émotions se construit avec le temps, par association des émotions de base (cf les travaux du psychologue américain Paul Ekman, qui a établi dans les années 70 une liste d'émotions de base universelles : Joie, Peur, Colère, Dégout, Tristesse ) et par l'apport et l'intégration des modèles parentaux, puis culturels, sociaux ainsi que nos propres expériences.

 

Nos émotions sont donc liées à notre histoire et à notre personnalité, à notre représentation du monde 

 

En fait le phénomène émotionnel constitue le coeur de notre identité individuelle, notre mémoire - n'avez-vous pas remarqué que nous nous souvenons bien plus longtemps ce qui a généré chez nous une émotion intense? - nos représentations et bien sûr, nos relations aux autres. C'est dire si les émotions sont importantes et participent à toutes nos décisions et nos actions, ce qui est d'ailleurs aujourd'hui largement démontré par les neuro-sciences.

 

AINSI TOUTES NOS ÉMOTIONS SONT LÉGITIMES ET TOUTES LES ÉMOTIONS DES AUTRES SONT LÉGITIMES ÉGALEMENT.

 

• A quoi servent nos émotions?

Nos émotions - toutes nos émotions car il n'y a pas d'émotion en elle-même positive ou négative, supérieure ou inférieure, tout dépend de ce que nous en faisons - sont là pour nous alerter et nous parler, afin de nous mettre en action, c'est à dire générer un comportement de notre part.

 

Emotion vient du latin "e-movere", mouvement vers l' extérieur.

 

1/ Nous alerter d'abord, par les changements physiologiques spécifiques qu'elles génèrent en nous. Ainsi, la COLÈRE va faire affluer le sang vers nos mains et engendrer une sécrétion massive d'adrénaline qui va libérer l'énergie nécessaire à une action vigoureuse.

 

2/ Nous parler  ensuite, en essayant d'attirer notre attention sur le besoin insatisfait en nous que cette émotion traduit. Ainsi la PEUR, émotion liée à l'anticipation d'une souffrance, réelle ou imaginaire, nous dit : "tu as besoin d'être rassuré, que peux- tu faire ou penser pour être rassuré face à cette peur?" --> A notre partie cognitive d'écouter cette émotion, d'émettre une pensée positive ou faire une action qui va me rassurer afin de pouvoir décider d'adopter le comportement adéquat face à cette situation et non agir sous l'impulsion de mon émotion instantanée.

 

 

CAR SI TOUTES LES ÉMOTIONS SONT LÉGITIMES, TOUS LES COMPORTEMENTS QUI EN RÉSULTENT NE LE SONT PAS !

 

3/ Et puis ne l'oublions pas, nos émotions, c'est ce qui donne de la saveur à notre vie...

 

Elles sont également source de l'excellence. Par exemple, dans le domaine du sport de haut niveau, à compétences techniques égales, condition physique égale, celui qui gagne, c'est toujours celui qui connait et gère le mieux ses émotions. Prenez la JOIE : c'est un levier motivationnel très fort pour oser, pour entreprendre et développer ce qui tient à coeur.

 

En résumé :

Les SENTIMENTS (représentations mentales, cognitives) et stimulus externes génèrent --> des EMOTIONS, qui génèrent --> des COMPORTEMENTS.

 

Donc si je travaille sur ces représentations mentales (toutes mes croyances), je peux gérer les émotions qu'elles suscitent et donc adapter mes comportements aux situations qui génèrent ces émotions.

  

• Comment faire pour gérer nos émotions et en faire des alliées?

1. Il faut commencer par s'y connecter au lieu d'essayer de les ignorer, de les "faire passer".
   
   
2. Les identifier : Quelle est cette émotion que je ressens là tout de suite? Comment se manifeste-t-elle dans mon corps (boule au ventre, chair de poule, transpiration, accélération du rythme cardiaque, gorge serrée, larmes, envie de sourire, de rire...)
   
   
3. Les accepter : je ressens cette émotion donc j'existe
   
   
4. Les exprimer : exprimer son émotion c'est tout simplement se reconnaitre comme vivant et légitime, c'est mettre hors de soi (e-movere) la pression qui est à l'intérieur ( ex : je suis désolé, je t'aime mais je ne viendrai pas  parce que j'ai peur de prendre l'avion )
   
   
5. En considérer l'impact (ex : ma peur de l'avion m' empêche d'accompagner la personne que j'aime dans un pays de rêve)  et l'évaluer ( que m'apporte cette peur? à quel point vaut le coup pour moi? )
   
   
6. En interroger le sens : finalement, qu'est ce qui déclenche réellement cette peur de l'avion chez moi?
   
   
7. Et enfin, s'autoriser à aller là où nous n'allons pas d'habitude, c'est à dire là où mon système de croyances ("il y a des crashs d'avion tous les jours, je vais avoir le mal de l'air, mon avion va être détourné par des terroristes...) face à la PEUR ou une émotion qui me retient, me dit "n'y va pas", "c'est pas bien", "tu vas être ridicule"...
   
   Comme l'image David Lefrançois : "Ces croyances qui vont faire qu'au lieu d'oser la Ferrari (ressentir et gérer mes émotions ), je vais prendre la Clio (beaucoup moins d'émotions)..
   
   ET N'OUBLIONS PAS : ON A LE DROIT DE SE TROMPER, ET MÊME, D'APPRENDRE DE NOS - NON PAS ÉCHECS - MAIS EXPÉRIENCES QUI NE MARCHENT PAS ...