LE LÂCHER PRISE

 

 En allant acheter mon pain ce matin, j'ai engagé la conversation avec une personne, qui a un moment donné de notre échange me dit " (...) c'est bien gentil, mais ça veut dire quoi lâcher prise? et comment on fait pour lâcher prise?" La file d'attente de la boulangerie n'étant pas l'endroit idéal pour poursuivre cette conversation, je l'ai invité à venir me voir :-)


Et puis sa question a fait son chemin dans ma tête. Je vois souvent en ce moment en titre de magazine "savez-vous lâcher prise?" "Apprendre à lâcher prise" ...

 

Alors de quoi parle-t-on lorsque l'on parle de lâcher prise?

 

Eh bien j'aime à penser que nous parlons de lâcher et de prise. L'image que je trouve assez représentative de celà est celle de Tarzan : pour avancer, Tarzan doit prendre la liane suivante, et pour cela, il lui faut lâcher celle sur laquelle il est accroché et qui n'est plus utile à cet instant, sinon....il tombe.

 

On parle d' acceptation

Je vois donc le lâcher prise comme un lien vers vers notre pensée, notre action suivante. C''est à dire qu' à un moment donné il faut accepter de lâcher la liane de Tarzan, ces pensées, interprétations, ruminations... qui nous bloquent lorsque l'on a un objectif, parce qu'ils génèrent en nous des émotions de type tristesse, peur ou colère, mauvaise humeur... nuisibles à notre bien-être, notre élan et nos relations aux autres, pour passer à autre chose, avancer vers du positif.

 

Alors pour avancer il faut renoncer et tout accepter?

Non bien sûr. Accepter l'existence de cette chose, qui nous "pollue", qui nous bloque, pour lâcher prise sur elle ne signifie pas se résigner, abandonner nos valeurs ou notre identité.  Lâcher prise doit se faire de façon consciente et volontaire, parce qu on a un objectif qui fait sens pour nous, et non par abandon.

 

Il n'y a rien de pire que quelqu'un qui nous dit :  "Allez, prends du recul, lâche prise". C'est comme s'il nous disait "ce n'est pas important, allez, passe à autre chose"...
Sauf que cette injonction sera rarement suivie d' effet car si cette chose n'est pas considérée comme "importante" pour le conseilleur, il semble que nous la considérions comme suffisamment importante pour qu'elle nous pose problème...

 

 

Alors la première question à se poser honnêtement à soi-même face à quelque chose de bloquant dans notre vie, c'est "En quoi cette chose est-elle si importante pour moi? Est-ce qu' elle justifie que je lui consacre autant d'énergie négative?

 

Si la réponse est non et que je veux me sentir mieux pour pouvoir avancer, il va effectivement falloir que je renonce à cette façon de voir les choses, ce comportement qui m'est défavorable, pour prendre une nouvelle direction. Mais ce renoncement sera conscient et ma décision, donc un choix assumé. Lâcher prise est un acte courageux.

 

J'ai été bercée dans mon adolescence par cette phrase "Choisir c'est renoncer", que je trouvais très démotivante. J'ai découvert avec le lâcher prise qu'en fait, "Renoncer, c'est choisir"...et celà a changé beaucoup de choses pour moi.

 

Si on ne lâche pas prise, on est dans la résistance de quelque chose qui va revenir sans cesse alors que si on joue avec le lâcher prise, on entre dans l'action, c'est une stratégie qui nous permet de reprendre le pouvoir sur notre attention.

 

Un exemple très simple : vous êtes sur la route, vous rentrez du travail, vous avez hâte de retrouver votre famille et il vous semble que tous les conducteurs se soient passés le mot pour rouler moins vite que vous sur la file de gauche et qu'ils y restent...trop longtemps à votre goût. Il est probable que vous vous énerviez, que vous colliez la voiture qui est devant vous pour qu'elle se rabatte plus vite et que par conséquent vous stressiez parce que vous ne contrôlez pas cette situation qui ne dépend pas de vous. Et au final, vous allez arriver énervé et en faire profiter votre famille que vous aviez tant hâte de retrouver. Et ça, quasi tous les jours...Au début vous vous dites : c'est très injuste, je ne l' empêche pas d'avancer à son rythme, par contre lui, il m' empêche moi de le faire en se calant sur la file de gauche. Donc face à cette injustice il est normal que moi je m'énerve. 

 

Vous l'avez repéré? le MOI? le pire des ennemis du lâcher prise, l'EGO? cet orgueil de croire que je peux tout contrôler, que tout passe par moi, moi, moi....

 

Sauf que...vous ne maitrisez ni ne pouvez changer cette situation, et ces conducteurs ont tout comme vous le droit de doubler, à leur vitesse, de mettre le temps qu'il leur faut pour se rabattre, et ils n' ont cure de cet état de pression dans lequel vous vous trouvez derrière eux.

 

Alors finalement?  Est-ce qu'arriver 10mn plus tard vaut le coup d'arriver chez soi dans cet état d'énervement? Non?

Alors je vais juste lâcher prise la-dessus, cesser de ruminer et peut-être même me poser cette question "quel avantage puis-je tirer de cette situation?" : Peut-être que j'entendrai mon émission radio ou ma chanson jusqu'au bout, que je serai plus détendu et plus prudent pour conduire, que je vais réfléchir tranquillement à ce que j'ai envie de faire en rentrant, ou à ce qui m'a apporté de la satisfaction aujourd'hui....

 

On peut appréhender la vie comme une victime, ou bien comme un créateur....vous ne croyez pas?